Tutoriel – Logiciels éducatifs : Aspirateurs à données personnelles ?#
Informations
Auteurs : Julien Bouteloup, Académie de Grenoble.
Date de création : Février 2020.
Résumé : Ce document donne des informations pour mieux comprendre les obscures conditions générales d’utilisation (CGU) liées aux nombreux logiciels éducatifs “gratuits”, ici exemplifiés avec les CGU de Kahoot et Plickers, deux logiciels populaires.
Voir aussi : tuto_politique_travail_num.
Introduction#
Pour de nombreux professeurs, la recherche de nouveaux moyens d’impliquer les élèves dans leurs apprentissages est perpétuelle. Pour cela, l’utilisation du numérique est un outil puissant : un logiciel bien conçu permet simultanément d’impliquer toute la classe, de fournir à l’élève un retour immédiat et au professeur un indicateur de ses progrès.
Cependant les logiciel bien conçus sont difficiles à développer et le sont souvent par des entreprises privées, qui attendent un retour sur investissement. Afin d’assurer leurs rentabilité, les entreprises ont deux choix à leur disposition : rendre leur produit payant ou trouver une source annexe de revenus. Cette source annexe est souvent la vente d’espace publicitaire sur leur logiciel, mais avec les progrès technologiques concernant le traitement des donnée, les données personnelles des utilisateurs deviennent une ressource monétisable.
Si cette pratique peut être une option pour des utilisateurs informés et consentants, l’information est difcile à obtenir et le consentement se résume souvent à cocher une case « J’accepte les conditions générales d’utilisation » (CGU), sans les avoir lues. Elle est d’autant plus discutable si l’utilisateur est un mineur, utilisant le logiciel en toute confance dans la cadre scolaire.
Il est donc important pour un professeur qui choisit un logiciel à usage pédagogique de veiller à protéger ses élèves. Doit-il alors étudier de près des dizaines de pages de texte abscons, se référant à des lois qui ne sont souvent pas les lois françaises ? Il existe heureusement des outils permettant de rendre intelligibles ces conditions d’utilisations.
Logiciels d’aide à l’interprétation des “Conditions générales d’utilisation”#
Le site tosdr.org (Terms of service ; didn’t read) regroupe une communauté qui cherche à mettre en évidence les points-clefs de diférentes conditions d’utilisations. Ces informations sont relues par diférents membres de la communauté et sont revues dans un temps raisonnable après chaque mise à jour. On peut donc les considérer comme fiables. Cependant cet outil se concentre sur les site internet et peu d’applications pédagogiques sont étudiées. Il est donc plus adapté à un usage personnel qu’à un usage pour la classe et il peut être intéressant de la présenter aux élèves.
Les deux outils suivants ont été développés par une équipe internationale d’universitaires. Le premier, nommé Polisis, permet, en utilisant une analyse des conditions d’utilisation par une intelligence artifcielle, de produire une infographie résumant clairement la collecte et l’utilisation des données par une application ou un site web (Ci-dessous, en Figure 1, le résultat pour l’application Kahoot). Ici encore, toutes les applications pédagogiques n’ont pas été analysées. La base de données de Polisis est cependant bien plus étendue que ce qui serais possible pour une communauté.
Figure 1. L’analyse des CGU de Kahoot par Polisis.
Enfn Pribot est un botchat (robot conversationnel) permettant d’analyser des conditions d’utilisation qui lui sont fournies. Cet outil peut analyser en temps réel des conditions d’utilisations et répondre à des questions précises sur celles ci. Ci dessous, une question et sa réponse concernant les CGU de l’application Plickers, où l’on apprend que cette application ne peut pas être utilisée au collège sans l’autorisation écrite des parents - selon les lois américaines (voir Figure 2 ci-dessous).
Figure 2. L’analyse des CGU de Plickers par Pribot.
Ces outils permettent donc au professeur un choix éclairé du logiciel à utiliser. Il ne faut cependant pas uniquement se reposer dessus. Ils rendent l’information accessible mais il reste nécessaire à tout utilisateur de discriminer et interpréter cette information.