Atelier - Les activités cognitives engagées dans un QCM#

Information

  • Index général

  • Auteur : D. C. Appleby, traduit et légèrement mis à jour par Philippe Dessus, Inspé & LaRAC, Univ. Grenoble Alpes.

  • Date de création : Septembre 2017.

  • Résumé : Cet atelier permet de réfléchir aux activités cognitives engagées dans la réalisation d’un questionnaire à choix multiple.

  • Voir aussi : Le Document Mémoriser et rappeler des informations, qui présente des exercices pour mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire.

Informations supplémentaires
  • Date de modification : 28 mars 2024.

  • Durée de lecture : 6 minutes.

  • Statut du document : Terminé.

  • Citation : Pour citer ce document : Auteur·s (Date_de_création_ou_de_révision). Titre_du_document. Grenoble : Univ. Grenoble Alpes, Inspé, base de cours en sciences de l’éducation, accédé le date_d_accès, URL_du_document.

  • Licence : Document placé sous licence Creative Commons : BY-NC-SA.

Présentation#

Assez souvent, on pense que les QCM ne peuvent engager que des activités cognitives de bas niveau. C’est bien sûr vrai si l’étudiant ou l’élève y répond au hasard. C’est moins vrai si l’on prend soin de rédiger des questions qui amènent l’étudiant ou l’élève à considérer ses connaissances de manière plus profonde.

Cet atelier comprend un bref texte à lire sur le système de la mémoire humaine, puis une série de QCM conçues pour impliquer différents niveaux de raisonnement, qui sont ensuite analysés. Les tâches à réaliser sont les suivantes.

Lecture du texte#

Lisez attentivement le texte suivant pendant environ 5 min. Il est possible de le surligner, de l’annoter.

Le système de la mémoire humaine

La mémoire humaine est composée de trois sous-systèmes interconnectés. L’information provenant de nos sens est tout d’abord stocké dans la mémoire sensorielle (MS) dans le même format dans lequel il est traité par nos sens (e.g., images ou sons). Bien que l’information transite dans la MS durant moins de 2 s, cela suffit à permettre son interprétation et à décider quelles sont les parties suffisamment importantes pour qu’on les traite et les transfère à la mémoire de travail (MT), où on peut continuer à les “travailler”.

L’information en MT est tout d’abord stockée sensoriellement (principalement mais pas uniquement en sons), et en quantité réduite : seulement 7±2 informations séparées (e.g., nombres, lettres, ou mots) peuvent être maintenues dans la MT pendant seulement environ 30 s, sauf si on continue de se les répéter.

L’information en MT est oubliée dès lors que la capacité de 7 items est dépassée, ou bien si l’on arrête de répéter l’information stockée. Ce processus de répétition remplit deux buts. Premièrement, il permet de maintenir l’information en MT tant qu’on se la répète. Deuxièmement, la répétition autorise un stockage plus permanent dans notre troisième et dernier système, la mémoire à long terme (MLT).

L’information en MLT est principalement codée en termes sémantiques, et ce système est souvent comparé à une bibliothèque dont le contenu est organisé de nombreuses manières différentes (e.g., par domaine, titre, ou nom d’auteur). Nous ne récupérons pas toujours l’information que nous voulons de la MLT – un livre peut aussi être difficile à trouver dans une bibliothèque – mais une fois qu’elle est stockée, elle l’est de manière permanente. Nous n’oublions pas vraiment une information stockée en MLT : elle est simplement indisponible car nous ne parvenons pas à la retrouver.

QCM#

Répondez aux questions à choix multiple suivantes afin de vérifier votre compréhension du texte.

  • 1. Lequel des types de mémoires suivants stockent l’information pendant environ 30 s ?
    • a. Mémoire sensorielle (MS)

    • b. Mémoire de travail (MT)

    • c. Mémoire à long terme (MLT)

    • d. Aucun des précédents.

  • 2. Laquelle (ou lesquelles) des phrases suivantes à propos de la mémoire de travail (MT) est (sont) vraie(s) ?
    • a. Elle ne peut contenir que 7±2 items d’information.

    • b. L’information qu’elle stocke est principalement encodée de façon sonore.

    • c. L’information qu’elle stocke dure seulement 30 s à moins qu’elle soit répétée.

    • d. Toutes les phrases ci-dessus.

  • 3. Laquelle des propositions suivantes est la manière dont l’information passe par les différents sous-systèmes de mémoire ?
    • a. MS -> MT -> MLT

    • b. MT -> MS -> MLT

    • c. MS -> MLT -> MT

    • d. MT -> MLT -> MS

  • 4. Jeanne cherche un numéro de téléphone, ferme le répertoire, et se répète le numéro pendant qu’elle compose le numéro. Le numéro est stocké dans :
    • a. Sa MS

    • b. Sa MT

    • c. Sa MLT

    • d. Aucune des mémoires ci-dessus.

  • 5. La mémoire de travail (MT) est à la mémoire à long terme (MLT) ce que X est à Y :
    • a. X:7, Y:illimité.

    • b. X:sémantique, Y:sonore.

    • c. X:relativement permanent, Y:30 s.

    • d. Toutes les réponses ci-dessus.

  • 6. Tom a déjà oublié le nom de la personne qui lui a été présentée seulement 3 minutes plus tôt ? Lequel de ses amis suivants en donne la meilleure explication ?
    • a. Chang: “Le nom n’a jamais été dans la MS de Tom.”

    • b. Monique: “Le nom s’est perdu de la MLT de Tom.”

    • c. Fritz: “Tom n’a pas transféré correctement le nom de sa MLT à sa MS.”

    • d. Juanita: “Tom n’a pas transféré correctement le nom de sa MT à sa MLT.”

Les processus cognitifs engagés dans les questions#

Maintenant, analysons les compétences cognitives impliquées dans chacun des QCM ci-dessus.

  1. Cette question teste votre compétence à reconnaître une caractéristique simple d’un concept spécifique (b. est la réponse juste : l’information dans la MT dure environ 30 s). Cela nécessite de mémoriser un terme et sa définition (paires associées).

  2. Cette question teste votre compétence à apprendre un ensemble de caractéristiques communes d’un concept particulier (d. est la bonne réponse, puisque la MT peut stocker un nombre d’items donnés, d’une certaine forme et pendant un certain temps). Elle requiert une connaissance plus approfondie d’un concept que ne la sollicite la question 1, mais elle est encore fondée sur la mémoire. Note : il est préférable d’éviter des réponses du type de la d. (aucune réponse ou toutes les réponses), car elle rompt l’indépendance des items et elle ajoute des charges d’évaluation logiques qui n’ont pas de rapport avec la connaissance ou le raisonnement sur les connaissances apprises.

  3. Cette question requiert d’apprendre une relation temporelle entre une série de concepts (a. est la bonne réponse).

  4. Cette question teste votre compétence à comprendre et appliquer vos connaissances à une situation nouvelle, de la vie de tous les jours, qui n’était pas présentée dans le texte initial (b. est la réponse juste). Elle requiert une compréhension plus profonde du concept, qui va donc plus loin qu’une simple mémorisation de sa définition ou de ses caractéristiques.

  5. C’est une question présentant une analogie, qui teste votre compétence à comparer et différencier deux concepts (ici, la MT et la MLT, et a. est la réponse juste). Elle se fonde, tout en étant plus complexe, sur la simple compétence de mémorisation de l’ensemble de caractéristiques d’un concept (question 2). Note : il est préférable d’éviter des réponses du type de la d. (aucune réponse ou toutes les réponses), car elle rompt l’indépendance des items et elle ajoute des charges d’évaluation logiques qui n’ont pas de rapport avec la connaissance ou le raisonnement sur les connaissances apprises.

  6. Cette question implique toutes les compétences cognitives testées dans les cinq premières questions (d. est la réponse juste). Elle demande une évaluation des connaissances acquises pour parvenir à une décision logique (e.g., les facteurs qui affectent le transfert de l’information de la MT à la MLT) expliquant un phénomène humain complexe (l’oubli).

Analyse de pratique#

Cet atelier permet de prendre conscience que le simple apprentissage par cœur du texte ne permet pas, à lui seul, de trouver les réponses aux questions 2 à 6. Il donne également d’utiles suggestions de formats de questions.

Référence#

  • Appleby, D. C. (2008). A cognitive taxonomy of multiple-choice questions. In L. T. Benjamin (Ed.), Favorite activities for the teaching of psychology (pp. 119-123). Washington, DC: American Psychological Association.