Pourquoi on l’a fait : Libérer les ressources pour une pédagogie ouverte !#

Informations

  • Auteur : Philippe Dessus, Inspé & LaRAC, Univ. Grenoble Alpes.

  • Date de création : Février 2019.

  • Résumé : Ce document détaille notre motivation à créer la série de documents/ressources de cours.

Informations supplémentaires
  • Date de modification : 28 mars 2023.

  • Durée de lecture : 3 minutes.

  • Statut du document : Terminé.

  • Note : Ces ressources constituent l’un des kits de pérennisation du projet ANR-Idéfi ReFlexPro et a bénéficié de son financement. Il concerne plus précisément l’action A20 (WP 1) du projet, pilotée par Philippe Dessus, assisté d’Émilie Besse.

  • Citation : Pour citer ce document : Auteur·s (Date_de_création_ou_de_révision). Titre_du_document. Grenoble : Univ. Grenoble Alpes, Inspé, base de cours en sciences de l’éducation, accédé le date_d_accès, URL_du_document.

  • Licence : Document placé sous licence Creative Commons : BY-NC-SA.

Introduction#

Le plein accès, pour les étudiants, à des ressources de cours numériques libres est un élément important de leur expérience scolaire, et donc de leur réussite [Hilton, 2016, Ozdemir & Hendricks, 2017]. Cela leur permet d’accéder gratuitement à un contenu de référence, pour le comprendre, le réviser. Même si les enseignants peuvent souvent fournir des présentations ou des annales, cela reste souvent insuffisant pour comprendre en profondeur les concepts et savoir-faire enseignés. Le recours à des manuels reste possible, mais l’est inégalement selon les domaines.

Fradet et ses collègues [Fradet et al., 2012] montrent que les étudiants achètent très peu d’ouvrages universitaires, hormis des annales, articles ou encyclopédies de poche, et ils signalent l’absence relative de ressources numérique adaptées aux études, notamment en 1er cycle.

Si le type de support peut se questionner, le choix du numérique n’est maintenant plus contestable : les études récentes sur le sujet mentionnent clairement que le numérique est le vecteur de diffusion de ressources privilégié, même si les manuels sont souvent encore sur papier [Fradet et al., 2012]. On a, un moment, pensé que les MOOC (Massive Open Online Courses) allaient pouvoir jouer un rôle dans la démocratisation de l’accès à l’information. En réalité, ce rôle ne s’est pas opéré [Hansen & Reich, 2015, Reich & Ruiperez-Valiente, 2019] car deux obstacles principaux ont été limitants : les modalités d’accès et l’usage qui en a été fait [Attewell, 2001], entraînant un faible taux d’achèvement, et une surreprésentativité des participants des pays occidentaux.

Il s’avère donc important de revenir à des documents ouverts (au sens de libres et gratuits), construits de manière collaborative, disponibles sans aucune inscription préalable pour redonner l’initiative aux enseignants et aux étudiants : les premiers pourront prendre appui sur cet existant ; les seconds devraient pouvoir s’emparer du contenu, signaler les incompréhensions et les erreurs, contribuant ainsi à son augmentation et à sa qualité.

Scénariser pour une pédagogie ouverte#

Il s’agit de produire des ressources les plus « brutes » possible, c’est-à-dire, non scénarisées, pour permettre leur insertion dans le plus grand nombre possible de contextes d’enseignement. Le fait qu’elles soient libres (au sens d’ouvertes et gratuites) permet de réaliser les 5 R [Anonymous, 2014], soit les cinq types d’activités suivantes :

  • Retenir : le droit de réaliser ses propres copies du contenu et de les contrôler ;

  • Réutiliser : le droit d’utiliser le contenu dans une grande diversité de situations ;

  • Réviser : le droit d’adapter, ajuster, modifier le contenu (e.g., le traduire) ;

  • Remixer : le droit de combiner du contenu avec ses propres ajouts pour produire un contenu différent

  • Redistribuer : le droit de réaliser des copies du contenu original, des rebrassages du contenu et des réemplois dans une diversité de contextes et d’objectifs.

Ces différentes activités, directement autorisées par le statut libre des documents, autorisent enseignants et étudiants à les modeler (les augmenter, diminuer) selon leurs propres besoins (pédagogiques ou d’apprentissage) ou les contextes dans lesquelles ils se trouvent (présence, distance, hybride). Toutefois, il est à noter que les effets réels de cette pédagogie sur l’apprentissage des étudiants n’a pas encore fait l’objet d’études empiriques qui montreraient de manière non ambiguë l’avantage des ressources libres et ouvertes sur leur équivalent propriétaire (Griggs & Jackson, 2017).

Références#

Anonymous, 2014

None to claim their bones (2014). The access compromise and the 5th R.

Attewell, 2001

Attewell, P. (2001). The first and second digital divides. Sociology of Education, 74(3), 252–259.

Fradet et al., 2012(1,2)

Fradet, A., Pelage, O., & Leroux, J.-B. (2012). Accès, usage et perception des ressources pédagogiques dans l'enseignement supérieur. ENSSSIB, rapport n° 1101619.

Hansen & Reich, 2015

Hansen, J. D., & Reich, J. (2015). Democratizing education? examining access and usage patterns in massive open online courses. Science, 350(6265), 1245-1248. doi:10.1126/science.aab3782

Hilton, 2016

Hilton, J. (2016). Open educational resources and college textbook choices: a review of research on efficacy and perceptions. Educational Technology Research and Development, 64(4), 573-590.

Ozdemir & Hendricks, 2017

Ozdemir, O., & Hendricks, C. (2017). Instructor and student experiences with open textbooks, from the california open online library for education (cool4ed). Journal of Computing in Higher Education, 29(1), 98-113. doi:10.1007/s12528-017-9138-0

Reich & Ruiperez-Valiente, 2019

Reich, J., & Ruipérez-Valiente, J. A. (2019). The mooc pivot. Science, 363(6423), 130–131. doi:10.1126/science.aav7958