CLASS, une foire aux questions#

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  • Index général

  • Document CLASS

  • Date de création : Janvier 2022.

  • Résumé : Ce document présente quelques-unes des questions les plus fréquemment posées à propos du Classroom Assessment Scoring System, accompagnées de réponses courtes.

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  • Date de modification : 15 novembre 2023.

  • Durée de lecture : 18 minutes.

  • Statut du document : Terminé.

  • Citation : Pour citer ce document : Auteur·s (Date_de_création_ou_de_révision). Titre_du_document. Grenoble : Univ. Grenoble Alpes, Inspé, base de cours en sciences de l’éducation, accédé le date_d_accès, URL_du_document.

  • Licence : Document placé sous licence Creative Commons : BY-NC-SA.

Le CLASS : aspects théoriques#

Q Vocabulaire/Description Le CLASS peut servir de vocabulaire et être un outil de description (introduction_CLASS). Quelle est la différence entre vocabulaire et outil de description ? Quelles sont les 10 dimensions ? Qu’est ce que l’on entend par expérience des élèves dans la classe ? Est-ce leur ressenti ? Le bien-être à venir dans la classe ? Ce qu’ils apprennent ?

R : Le CLASS en tant que vocabulaire est centré sur les mots liés aux dimensions (p. ex., que l’on puisse référer à la “sensibilité” comme un même phénomène) ; Le CLASS en tant qu’outil de description est centré sur les phénomènes qu’on observe, en ce qu’ils permettent une amélioration/baisse du climat général de la classe. Les 10 dimensions sont évoquées dans le Document CLASS_description, en 3 domaines). L’expérience des élèves : tout ce qu’ils vivent dans la classe et comment ils l’analysent, le ressentent. L’apprentissage en fait partie. Il est donc important de comprendre que le CLASS n’évalue pas uniquement la pratique de l’enseignant, mais aussi l’expérience (et le comportement) des élèves. L’observateur essaie de se mettre à la place d’un “élève moyen” et comprendre ce qu’il perçoit des événements de classe.

Q Limites : Quelles sont les limites de ces évaluations ? Il doit s’agir d’une évaluation des relations au sein de la classe et dans l’environnement scolaire, mais il est difficile de voir la différence entre cette évaluation de la qualité des interactions enseignant-e/élève et une évaluation de l’enseignant à proprement parler.

R : Par souci de simplicité, on dit que le CLASS mesure “le climat de la classe”. Il y a donc de nombreux éléments hors de portée du CLASS. Déjà, tous les aspects structurels (nombre, type, qualité du matériel ; niveau de formation de l’enseignant, etc.), ensuite, tous les aspects liés à la didactique des disciplines enseignées. Ce n’est donc qu’un sous-ensemble de ce qui serait évalué, par exemple par un inspecteur.

Q Standard : Est-ce que l’évaluation des indicateurs négatifs peut être « standard » ? (Plutôt de l’affect négatif, pas le contrôle punitif, ni de l’irrespect ou de la négativité sévère qui semblent beaucoup moins justifiables par des éléments extérieurs).

R : Si on entend “standard” par “naturel”, effectivement, il est tout à fait possible que l’outil CLASS soit centré “pays WEIRD” » (pour “western educated industrialized rich democratic” ») et que certains indicateurs de climat négatif seraient moins signifiants, disons, en Chine ou dans les pays du Moyen-Orient. Seules des études internationales sur CLASS peuvent le montrer, et, comme il se diffuse, on commence à avoir des résultats de comparaison intéressants.

Q Indépendance au matériel : Peut-on avoir des précisions sur la notion d’indépendance entre le type de matériel utilisé, le contenu étudié et l’évaluation des interactions et la notion de fidélité inter-juge sur lesquelles des exemples seraient les bienvenus pour fixer ma compréhension

R : Ce sont des notions complexes, bien que courantes dans la recherche en éducation. Indépendante : ce que capture CLASS ne dépend pas (ou peu) du type de matériel utilisé (au sens large), comme des ordinateurs ou un vidéoprojecteur. Les dimensions observées n’en tiennent pas compte. Il n’y aurait que la dimension “modalités d’apprentissage” qui en tienne un peu compte, dans la diversité du matériel présenté aux élèves. Fidélité inter-juges : évalue dans quelle mesure 2 observateurs au fond d’une même classe, indépendamment l’un de l’autre (donc sans aucune communication ni concertation) obtiendraient (ou pas) des évaluations similaires sur les 10 dimensions de CLASS.

Q Travail émotionnel : Dans la partie processus du CLASS, on parle de s’impliquer émotionnellement mais est ce que c’est vraiment réalisable ? Car cela peut ne pas être sain psychologiquement pour certains enseignants de s’impliquer, sachant qu’on va changer d’élèves toutes les années. De plus cette méthode n’est pas trop longue à mettre en place sur une année scolaire ?

R : Cette observation est très judicieuse : certaines professions impliquent plus la dimension émotionnelle que d’autres (on parle de travail émotionnel, voir les travaux d’Hochschild). Il s’agit effectivement d’être prudent et de ne pas se surinvestir émotionnellement dans le travail d’enseignant. Si on relit les indicateurs de climat positif, il semble possible de les maintenir à niveau acceptable sans surinvestissement. CLASS n’est pas à proprement parler une méthode (ce n’est pas un processus fixe qui mènerait automatiquement à un meilleur enseignement) : c’est un outil d’observation des événements scolaires, qui peut donc se mobiliser sur une période bien plus courte qu’une année scolaire. Bien sûr, si l’on attend un développement professionnel il faut parfois travailler avec le CLASS sur deux années.

Q Bien-être : Comment peut-on évaluer quantitativement le niveau de bien-être au sein d’une classe ? C’est difficile à comprendre dans le sens où les émotions et ressentis de chacun dépendent et diffèrent pour chacun des individus. Une situation banale sera peut être ressentie comme un terrible effort pour un élève, sur quels critères se base donc la recherche ? Comment qualifier un acte de positif lorsqu’un élève ne le prend pas positivement, alors que dans les faits, il l’est ? Par exemple, l’enseignant peut prendre dans ses bras un enfant qui pleure pour le réconforter, ce qui sera perçu par les chercheurs comme un signe d’affection et de soutien émotionnel, mais l’élève peut le percevoir comme désagréable et dérangeant, n’aimant pas le contact physique. Dans ce cas, que retient et que conclut l’enquêteur ?

R : C’est juste : il est difficile de comprendre les émotions d’autrui (et même les siennes propres, d’ailleurs). CLASS ne permet pas d’évaluer le niveau de bien-être d’une classe, et je ne crois pas qu’un tel outil d’observation existe. Il y a en revanche des pratiques d’enseignement qui vont favoriser (ou baisser) un niveau de bien-être général. Si on analyse l’exemple, les observateurs CLASS sont à la recherche de synchronie (p. ex., sourires partagés) entre enseignant et élèves, donc si un enseignant réconforte un élève et que ce dernier a un geste de défiance, il n’y aura pas synchronie et l’évaluation sera moins élevée que si l’élève accepte le geste de réconfort.

Q Morale : Le CLASS permet-il d’observer et quantifier des aspects moraux ?

R : Pas directement, non, mais indirectement oui. Certains événements négatifs pour l’apprentissage et le climat scolaire sont également moralement et socialement réprouvables (p. ex., exercer des violences psychologiques ou physiques sur un ou des élève·s).

Le CLASS, aspects formels#

Q Forme : Sous quelle forme se présente le CLASS (s’il s’agit d’un document papier avec une grille d’observation, le score ? Peut-on les entrer dans un logiciel ?) et à quel moment se déroule ces observations ? Y a-t-il des manuels pour chaque niveau de classe ?

R : Le CLASS est un système (une méthode) d’observation de ce qu’il se passe en classe. Un doc papier (par niveau de classe) décrit les choses à observer, et propose une grille et une manière de scorer les différentes dimensions. Il y a plusieurs manuels, correspondant chacun à un niveau. Il n’y a pas à ce jour de logiciel spécifique pour saisir des observations liées au CLASS.

Q Manuel : Comment peut-on se procurer un manuel du CLASS ? (K-3 par exemple) ?

R : Le manuel CLASS est payant (une version française pour le Cycle 1, pre-K est disponible depuis peu, le K-3 n’existe qu’en anglais et espagnol) ; on peut l’acheter sur le site de Teachstone.

Q Grille de cotation : Concernant la fiche qui permet de coter selon le modèle CLASS, à quoi ressemble-t-elle concrètement ? Les indicateurs sont-ils présentés comme tels (avec les libellés présentés dans le cours) ou d’une autre manière (sous forme de questions peut-être) ?

R : La grille est très simple : une liste des dimensions et des indicateurs par dimensions, avec une place pour prendre des notes pour chaque dimension et pour leur attribuer un score entre 1 et 7. Les indicateurs sont présentés comme tels, mais raffinés à des niveaux plus précis (comportements), pour permettre l’observation.

Q Différences interniveaux : Le CLASS est composé de 3 grands domaines et 10 dimensions, et la manière dont ces dimensions apparaissaient dans les classes peut changer suivant le niveau de la classe. Il n’y a donc pas les mêmes grilles d’observation selon le niveau de classe étudié. Cependant il a été soulevé que le Pre-K et le K-3 partageaient les mêmes dimensions, donc les mêmes grilles d’observations mais ce ne sont pas les mêmes événements qui seront observés ?

R : Effectivement, le Pre-K et le K-3 partagent les mêmes dimensions. Mais, ce que font les élèves, disons, de PS ou de GS ne sont pas exactement les mêmes choses. Les exemples donnés dans les 2 catégories diffèrent donc pour être adaptés au niveau de ce qui est fait couramment dans la classe. En réalité, il y a assez peu de différences entre les 2 manuels, mais en voici une en exemple. Dans les exemples donnés pour définir un bas niveau de “développement conceptuel”, on a, pour Pre-K (Cycle 1) : “Pendant la lecture d’un livre, l’enseignant se focalise sur des faits à rappeler : Il y avait quel animal dans l’histoire ? Que est le nom de l’animal ?” et pour K3 (Cycle 2) : “Pendant la lecture d’un livre, l’enseignant se focalise sur des faits à rappeler : Cette histoire était à propos de quel animal ? Quel était le nom du personnage principal ?”

Observer avec le CLASS#

Q Auto-observation : Un enseignant peut-il observer sa propre classe et sa propre pratique pour avoir un regard objectif ? Comment observer ? Coter ? Sur quelle durée ? Y-a-t-il des grilles ? Peut-on confronter plusieurs « observateurs » ? On ne comprend bien les indicateurs. De plus, ces mesures ont elles pour objectif de faire un état des lieux, ou d’effectuer des remédiations ? CLASS pouvant être utilisé à plusieurs fins.

R : CLASS peut être utilisé de deux manières : 1/ en tant que grille d’observation par un observateur extérieur (donc impossible par l’enseignant, même si on peut se filmer et essayer de s’analyser). 2/ en tant qu’ensemble de prescriptions issues des théories qui fondent l’outil (voir tuto_CLASS_que_faire). Il est habituel de confronter au moins 2 observateurs et de faire une moyenne des scores, en recherche. Ce n’est pas grave si on ne comprend pas tous les indicateurs, on peut se pencher sur ceux de la dimension la plus intéressante (celle pour laquelle on a besoin de progresser). Et le CLASS permet soit de faire un état des lieux, soit d’effectuer des remédiations (en faisant des observations à 2 moments différents, entrecoupés de conseils).

Q Variabilité dans le temps : Les observateurs observent la classe sur des temps courts, mais d’un jour à l’autre les pratiques, activités, ou comportements observés peuvent être totalement différents. Comment le CLASS peut rendre une évaluation cohérente avec la réalité de classe. On sait effectivement que des activités vont plus ou moins bien marcher selon le moment de la semaine, le moment de la journée ou même selon l’état émotionnel dans lequel se trouvent les élèves ou dans lequel se trouve l’enseignant.

R : Les observateurs font en général 4 observations de 20 min dans une matinée. Des recherches ont montré assez peu de variabilité des dimensions d’un moment à l’autre de classe. Mais, effectivement, il y en a en fonction des paramètres indiqués.

Q Nombre d’observations : Une classe égale une observation ? Ou plusieurs observations possibles au cours du temps pour voir s’il y a des évolutions ?

R : Il est préférable d’avoir, pour une classe donnée, au moins 4 observations successives (si possible dans la même matinée) pour que les résultats soient fiables. Et il est tout à fait possible de répéter ces observations sur une durée plus longue, pour rendre compte de possibles évolutions.

Q Qui évalue : Dans quel(s) cas cette évaluation est-elle menée ? Par qui ? En France, cette évaluation peut-elle être menée par des inspecteurs formés au CLASS par exemple ?.

R : Il y a très peu d’inspecteurs en France formés au CLASS, ce sont surtout des chercheurs (certains conseillers pédagogiques l’ont été, également) ; et il y a encore moins de personnes qui sont officiellement certifiées. Oui, on peut former les enseignants avec le CLASS en les observant à plusieurs reprises et en notant les changements. Cela se pratique, notamment au Canada.

Q Les élèves évaluent : On dit que les interactions sont évaluées d’un point de vue des enseignants et des élèves. Les élèves participent-ils à cette évaluation ?

R : C’est seulement l’observateur, sans interagir ni avec l’enseignant ni les élèves, qui fixe les scores. “Point de vue” signifie : c’est l’observateur qui se met à la place de l’enseignant, des élèves. Donc non, les élèves ne participent pas à l’évaluation.

Q Confusion entre indicateurs : Comment réussir en tant qu’observateur à ne pas confondre certains indicateurs qui n’appartiennent pas au même domaine, mais qui pourtant semblent assez/très corrélés malgré tout ?

R : Cela n’est pas aisé et demande un entraînement assez long. C’est tout l’objet de la formation, puis de la certification au CLASS. La certification est obtenue si les évaluations de l’observateur rejoignent celles des experts à 80 %.

Les différentes dimensions#

Domaine soutien émotionnel#

Q Soutien émotionnel : Globalement tous les points du soutien émotionnel sont importants. Mais il faut veiller absolument à mettre en place les points du climat positif (relations, affect positif, communication positive et respect). Ils sont d’autant plus importants que ce sont des points qui n’appartiennent pas qu’à l’enseignant mais qui sont partagés entre enseignant et élèves. Un climat de classe positif favorise évidemment les apprentissages. Il est important aussi de considérer le point de vue de l’élève même si en pratique ce n’est pas toujours évident. Par exemple au niveau de l’expression des élèves ou des restrictions de mouvement avec une classe de 31 élèves de maternelle c’est compliqué… De même pour la sensibilité de l’enseignant, même si on essaie de faire au mieux, par exemple en atelier dirigé avec un groupe d’élèves on ne peut pas forcément venir en aide aux autres. Le fait d’avoir une classe avec beaucoup d’élèves questionne sur la ré-organisation totale de la classe pour une mise en place plus facile de la plupart des points du soutien émotionnel.

R : Tout est important, mais tout ne peut se prendre en compte en même temps; une stratégie pourrait être : “je me centre cette semaine sur la sensibilité, et j’essaie de réaliser des actions qui vont dans ce sens, comme une meilleure écoute des élèves”. Des recherches montrent que, comme toutes les dimensions sont liées, augmenter la sensibilité va faire augmenter (plus ou moins sensiblement) les autres dimensions.

Q Climat positif : Dans la dimension “climat positif”, la nuance entre “les relations”, “l’affect positif” et la “communication positive” est difficile à saisir. Dans la dimension “considération du point de vue de l’élève”la nuance entre “souplesse et attention centrée sur l’enfant” et “expression des élèves” est aussi difficile à comprendre.

R : Relations : manières de s’adresser aux élèves, conversations mettant à l’aise (vas-tu bien ?) ; Affect : Sourires, non-verbal ; Communication positive : s’adresser aux élèves en mettant en avant le positif plutôt que le négatif. Souplesse vs. expression : ce sont deux facettes, souplesse qualifie l’enseignant (capable de reconsidérer son plan de cours), expression des élèves, l’activité des élèves (ils s’expriment aisément, sans retenue).

Q Climat négatif 1 : Quelques points sur le climat négatif posent problème, dans le sens où il y a souvent tout un contexte derrière par exemple, un-e enseignant-e ou des élèves irritables. On peut entendre que tout cela entre dans les caractéristiques d’un climat négatif en classe, et n’efface en rien le climat positif, mais d’une situation à l’autre, ces caractéristiques négatives ne sont pas dues à la même chose.

R : Oui, parfaitement : le contexte peut jouer, mais il est extrêmement difficile de le prendre en compte sans une enquête approfondie, qui serait non faisable sur une demi-journée. C’est dans la discussion après observation entre l’observateur et l’enseignant qu’on peut parler du caractère habituel vs. exceptionnel de tel ou tel événement.

Q Climat négatif 2 : Pour le climat négatif, pourquoi ne prend-on pas en compte des facteurs extérieurs par rapport au comportement d’un élève ?

R : Par exemple, son passé, sa famille, ses difficultés ? Simplement parce que ce serait infaisable dans le temps imparti (une matinée), s’il fallait que l’observateur enquête sur tout problème. Le CLASS est un outil d’observation, sans jugement, de ce qu’il se passe, pas un outil d’enquête.

Q Sensibilité de l’enseignant : Quels sont les risques (dimension sensibilité de l’enseignant) que les élèves peuvent prendre ? comment savoir si le risque est élevé pour l’élève ?

R : Ce ne sont pas des risques au sens de risques mettant en danger physiquement ou moralement l’élève. Ce sont des risques au sens d’oser parler, s’exprimer, sans avoir peur de faire des erreurs, d’être repris négativement par l’enseignant. Se sentir en sécurité et aidé par l’enseignant. On appelle ça souvent “sortir de sa zone de confort”, ou “oser s’exprimer”, ou encore “ne pas avoir peur de faire des erreurs”.

Q Point de vue de l’élève 1 : Ce qui paraît quelque peu difficile est la considération du point de vue de l’élève. En petit groupe cela semble réalisable mais en grand groupe cela peut être plus compliqué à appliquer car on ne peut pas tout le temps se concentrer sur un seul élève, car tous demandent beaucoup d’attention. De plus, cela veut dire qu’il faut toujours être attentif, mais quand on se retrouve en double niveau, on ne peut pas se concentrer pleinement si on doit surveiller l’autre groupe.

R : Effectivement. Quand on travaille dans un double niveau, il est normal que l’enseignant se centre sur un seul niveau et laisse l’autre travailler en grande autonomie, donc sans considérer le point de vue de cet autre groupe. En revanche, il pourrait paraître normal (et c’est d’ailleurs ce qui est normalement fait) d’intervenir dans ce deuxième groupe si un événement important survient.

Q Point de vue de l’élève 2 : Il peut sembler difficile de toujours prendre en compte le point de vue de l’enfant. L’enfant n’est-il pas trop petit pour avoir un point de vue “averti” sur un sujet (classes de maternelle par exemple) ? Doit-on toujours prendre en compte les points de vue des enfants ? Que faire dans le cas où le point de vue de l’enfant serait contradictoire avec celui de l’enseignant ?

R : “point de vue” est à comprendre dans un sens général : “ce que l’enfant voit, ressent, comprend dans son expérience de classe” et pas seulement “son avis formulé explicitement, averti”, et ce point de vue est estimé sans le lui demander, seulement par l’observation (voir section I R-4). Une dimension (et pas toutes) du CLASS indique qu’il est utile, pour dire cela simplement, de se mettre à la place de l’enfant afin d’estimer son degré de latitude dans la classe. Cela ne veut bien sûr pas dire qu’il faut toujours le prendre en compte, et surtout le satisfaire… sinon, l’enseignant ne ferait pas souvent cours.

Domaine soutien à l’apprentissage#

Q Auto-régulation : La question de l’hétéro-régulation des élèves ainsi que la capacité de l’enseignant à soutenir l’autorégulation de ceux-ci paraissent légèrement ambiguës : comment l’enseignant réussit à soutenir cette autorégulation et réussit à faire passer les élèves de l’hétéro-régulation à l’autorégulation ?

R : C’est une question complexe qui n’amène pas de réponse simple, mais, par exemple, la dimension “Prise en compte du point de vue de l’élève” aide à cela. Les dimensions “soutien à l’apprentissage”, dans leur ensemble, amènent aussi l’élève à réfléchir/penser par lui-même.

Les résultats du CLASS#

Q Généralisabilité : Je me questionne aussi sur la pertinence des résultats puisqu’ils dépendent d’un·e enseignant·e, d’un milieu scolaire particulier.

R : Oui, c’est juste. Pour cette raison, si comparaison il y a, elle doit se faire à milieu scolaire comparable, proche. Des études réalisent des telles comparaisons (Qualité de l’accueil d’enfants de 3 ans… de Bigras et ses collègues, 2020.

Q Calcul du score : Comment est élaboré le score des enseignants ? Comment est évalué le CLASS ?

R : Le score d’un enseignant à une séance de 20 min est simplement la moyenne de ses scores obtenus à chaque dimension, mais ce score moyen n’est pas d’une grande utilité car il agrège des éléments très différents. De ce fait il est rarement calculé à des fins de formation des enseignants. Comment est évalué le CLASS ? On peut déjà étudier sa cohérence interne, c’est-à-dire voir si les dimensions d’un même domaine sont plus liées entre elles que celles d’un autre. On peut aussi voir sa validité externe, c’est-à-dire si ses résultats sont liés à ceux d’un autre outil d’observation, ayant des finalités similaires.

CLASS et pratiques pédagogiques#

Q Réflexion pratiques : Le CLASS peut-il être utilisé pour réfléchir à ses pratiques pédagogiques, les améliorer ?

R : CLASS peut être un outil de réflexion sur les pratiques de classe (voir tuto_CLASS_que_faire, qui contient d’intéressantes prescriptions pour réfléchir à sa pratique en utilisant le CLASS). De nombreuses recherches utilisent le CLASS pour observer des classes répondant à des critères précis (par exemple, en REP, ou à effectifs dédoublés) et estimer les effets de certains paramètres du climat de classe sur l’apprentissage.

Q S’améliorer : On peut comprendre la corrélation entre les résultats et la qualité des échanges, mais puisqu’il s’agit d’observations, et une fois cette conclusion tirée, que faire ? Les enseignants sont-ils avertis des résultats, y a-t-il un retour après l’évaluation ? Est-ce que le but premier est uniquement d’observer, ou y a-t-il une volonté d’amélioration des résultats ?

R : Oui, ces observations peuvent être réalisées au cours d’une année et on peut se donner des buts d’amélioration de certaines dimensions ayant un score bas, via un retour donné à l’enseignant par l’observateur. La finalité d’amélioration (on parle de “développement professionnel”) est présente dans certains travaux ; d’autres travaux ont simplement une finalité de recherche, p. ex. pour observer une autre variable (p. ex. : la performance des élèves à une matière donnée) et voir si cette variable dépend ou pas de la qualité du climat de classe.

Q Masque : Une autre question en cette période de crise sanitaire actuelle : Le port du masque nous fait perdre beaucoup d’expressions du visage : comment réussir à “faire passer” correctement un sourire par exemple avec cette contrainte ? Y-aurait-il des “solutions” pour pallier ces problèmes de “distance” créés par le port du masque ?

R : Cette question est passionnante et doit même faire l’objet de recherches. Voici quelques ressources élaborées vers les créateurs du CLASS à ce sujet : Guidance for conducting observations during covid 19 (pour les séances en présence) et Guidance for conducting remote live observations during covid 19 (pour les séances à distance).

Q Gérer les émotions : Lorsque l’on a une classe de 30 élèves il est difficile de gérer les émotions individuelles. Il ne faut pas négliger que certains élèves ont besoin de plus de soutient que d’autre. Certains vont nous le faire savoir, d’autre non. C’est difficile de s’occuper de chacun et de ne laisser personne de « côté ».

R : C’est vrai. C’est d’autant plus difficile que la perception des émotions est très difficile. Toutefois, un élève pourra bénéficier du comportement de soutien émotionnel de l’enseignant même s’il ne s’adresse pas directement à lui. Un enseignant rassurant un élève, par exemple, pourra être perçu rassurant par les autres même s’il ne s’adresse pas à eux directement.

Q Difficultés multiples : Un enseignant est souvent attentif avec un grand niveau de sensibilité. Il peut soutenir un enfant dans le besoin en l’encourageant et en le réconfortant de manière linéaire, mais comment gérer le reste de la classe, si plusieurs difficultés se présentent ? Comme manier chacune des interactions présentes dans un même moment ? Il semble important de prendre du recul sur la situation problématique et d’être capable de recevoir les difficultés de chacun sans juger la personne qu’il est mais de le considérer comme un être complexe, issu de divers interactions sociales ayant un impact sur le moment présent.

R : Oui, c’est vrai. L’enseignant ne peut individualiser son activité au cas par cas, et lorsque des problèmes surviennent en même temps il aura à prendre des décisions rapides pour aller au plus important. Il faut comprendre que le CLASS est une réduction, un modèle, de ce que peuvent être les interactions enseignant-élèves. En aucun cas c’est un système qui règle tous les problèmes à la place de l’enseignant. Toutefois, c’est un modèle qui permet souvent de prendre des décisions profitables pour le plus grand nombre.